The World of Hans Zimmer

Un soir de mars 2019 à la Seine Musicale...

Par Catherine Dang Van Phu – 7 avril 2019

Un orchestre symphonique dirigé par Gavin Greenway

The world of hans zimmer

De tous les compositeurs de musiques de films, Hans Zimmer est mon préféré.
L’orchestre symphonique dirigé par Gavin Greenaway a joué ses plus belles compositions dans un concert intitulé « the World of Hans Zimmer » un soir d’avril 2019.

Il a inspiré l’écrit que je partage aujourd’hui. Rédigé il y a 5 ans, il tente d’exprimer l’ineffable beauté d’une œuvre qui atteint l’être au plus profond de l’âme.

Quelques milliers d’âmes dans une salle sombre retiennent leur souffle tandis que les premiers accords de contrebasses emplissent l’espace de leur tonalités graves, inquiétantes, comme le début d’une marche funèbre vers une lente descente aux enfers. The Dark Knight fut le premier morceau que joua l’orchestre symphonique du Monde de Hans Zimmer, dirigé ce soir-là par Gavin Greenaway, à la Seine musicale de Boulogne Billancourt. Eloge funèbre d’un héroïsme torturé, saccadé de coups d’archet secs, allégorie symphonique d’une adversité vécue dans la douleur et dans l’ombre de l’abnégation. Je suis en apnée dans cette chute vertigineuse d’un héros qui se perd dans les abîmes de ses ténèbres intérieurs.

De l’ombre à la lumière me voilà subitement transportée dans l’univers des braves du Roi Arthur, où le courage à l’état brut se mesure au son ferreux d’armures contre armures, au choc des glaives qui entaillent les chairs et fendent les crânes. Dans l’apparente bestialité d’une civilisation qui lutte pour sa survie jusqu‘à la mort, au son d’une flûte qui m’emmène loin des champs de batailles, plus haut que la brume saxonne embrasant la contrée de sa rosée sanglante, plus haut encore que les sommets rougeoyants du Grand Canyon.

Je suis un aigle porté par le souffle des clairons et mon ombre glisse aux côtés de Spirit, l’étalon des plaines du Grand Ouest. Je suis un mustang au destin fabuleux, dont les sabots résonnent sur la roche ardente dans une chevauchée sans fin.

Je suis la fin d’un règne qui se termine dans la poussière et le sang d’un empereur cruel et corrompu.  Tel un Gladiateur, j’accomplis ma noble destinée sous les vivats d’une foule de grands et de miséreux venus applaudir la mort.

Je rejoins le cénacle des Héros, sous le ciel constellé d’une Afrique australe, à l’aube d’un règne fabuleux, le règne du Roi Lion. Dans la folie d’une savane couleur de feu, s’élève la complainte d’une nation déchirée pleurant son unité inachevée, comme la braise incandescente qui monte vers les cieux pour mourir dans la douceur d’un flocon de neige.

Tandis que je contemple cette terre de désolation, sur le point de devenir son propre caveau implosant sous des siècles de guerres fratricides, moi dieu des hivers sans fin, je déverserai sur ce monde une apocalypse glacée d’où renaîtra un monde immaculé de la pureté du cristal, d’un bleu éthéré que seule une mer aux profondeurs infinies saurait empreindre.

Soudain, une note cristalline se dépose dans mon esprit, une évidence dans le néant, une étoile filante à travers mon âme obscure.

Obscure comme la salle où je me tiens debout. Mon regard de glace redevient bronze, et je retrouve la terrestréité du monde des humains. Le temps en suspend reprend son cours. D’abord dans un grondement sourd dans le lointain, puis dans l’explosion d’une symphonie magistrale, je sens ma poitrine s’embraser au son des notes vibrantes d’une centaine d’instruments qui m’arrachent à mon rêve éveillé. Je redeviens mon propre dieu et m’incline humblement devant un génie dont l’œuvre s’achève ce soir en apothéose.

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